Faire la grève… Manifester… A quoi ça sert ?
Je sais, j’ai déjà abordé le sujet cent fois. Ici ou là. Ailleurs aussi. Souvent. Mais comme à chaque fois il s’en trouve pour me baver dans le conduit auditif la sempiternelle ritournelle selon laquelle ça ne sert à rien, j’ai bien droit, à mon tour, de ressasser et de radoter un peu.
Ce qui, au soir des grandes manifestations du 2 octobre 2010, m’incite à y revenir est une brève parue dans divers journaux, un mince entrefilet ainsi libellé : “Ouessant : 120 manifestants contre les retraites” pour le Télégramme de Brest, “Ouessant : un quart de l’île dans la rue” pour Ouest-France ou “Manifestation aussi à Ouessant” pour le Monde (qui sait la force des adverbes). Une vaguelette revendicative insignifiante dans ce raz-de-marée contestataire.
Insignifiante ? Pas tant que ça finalement ; puisque même la TV nationale s’est fendue d’un petit reportage, entre condescendance et étonnement.
Ironie de l’histoire, Ouessant fut pour beaucoup, dans les premières années de la deuxième guerre mondiale, la dernière escale avant l’Angleterre, à une époque où dire non n’était pas si courant, plutôt risqué et ne suffisait pas en tout cas à convaincre la Wehrmacht de franchir le Rhin dans l’autre sens. Et pourtant…
Bref, en un mot comme en cent, on fait grève, on manifeste, on dit “NON” aussi et surtout pour soi, par respect de soi-même, pour n’être pas complice ; pour des principes, des valeurs auxquels on tient. Au soir des défilés, je n’attends pas, n’espère pas de capitulation sans condition. J’exprime un refus ; un refus catégorique. Toute autre attitude de ma part vaudrait acceptation, consentement. Je ne saurais m’y résoudre.
Ainsi, dussé-je encore et encore user mes semelles sur le pavé sans que mes protestations n’éveillassent la moindre compassion des puissants, j’occuperais encore et encore la rue avec la même patience, la même détermination, le même entêtement. Au bout du compte, tout ça, c’est d’abord une affaire entre moi et… moi.