(Suite des billets des 4, 5, 6 et 7 décembre 2007)
Ce billet voudrait/pourrait s’appeler « Pendant que mon garagiste lit Kant, Emmanuel répare ma caisse ».
Ou : « Mon cher docteur Pangloss, faut pas confondre les effets et les causes et c’est pas parce que tes lunettes te tombent pile poil sur le blair qu’il a été fait pour les recevoir ». Mais là c’était franchement long et chacun aura pu apprécier, sur ce blog, le sens du titre court –c’est pas partout pareil… mais passons.
Ça pourrait encore s’appeler « De la musique avant toute chose », (c’est mon côté Verlaine, mais on verrait pas forcément ce que je veux dire).
Tant que t’es dans le ventre rond de maman, bien au chaud, suspendu entre deux eaux, la tête en bas, la tête en haut, tout baigne. Tous les espoirs te sont permis, tous les avenirs te sont promis. Ceux de notaire et ceux de militaire, de militant, d’intermittent, de prix Nobel ou de rebelle. Tout est possible, tout est réalisable. Tu n’es que matière molle et malléable.
D’accord, si maman se shoote au pastaga, ça peut faire du dégât, surtout les derniers mois.
Mais tout commence à l’instant de la délivrance, c’est le « top départ ». A l’instant où tu sors du tunnel, où tu pointes le blair et que tu vois dans quel monde tu es tombé(e). Si ceux qui t’attendent dehors, c’est plutôt CAC 40 ou CMU et RMI. Attention, qu’on soit bien d’accord, qu’il n’y ait pas d’ambiguïté (j’entends déjà les commentaires…). CAC 40 ou CMU, ÇA NE PREFIGURE RIEN, ÇA NE PREDESTINE A RIEN, ça donne simplement le CONTEXTE. C’est tout. Ça te dit si tes futurs talents, ceux que tu vas acquérir, ceux que tu vas développer auront les moyens (financiers) de leurs ambitions. RIEN D’AUTRE.
Bon, évidemment, comme dit J., mon fils –il est trop celui-là–, si l’obstétricien(ne) ou la sage-femme fait riper le forceps et que tu gicles et t’étales d’emblée sur le carrelage, ça peut avoir des conséquences sur tes futures performances. Sinon, t’as rien à craindre, tu peux sortir tranquille, le monde est un réservoir de possibles où t’as qu’à puiser.
A partir de ce moment, c’est à toi de voir. Y en a, c’est de vraies éponges. Et d’autres sont plutôt du genre « gargouilles » ou « plumes de canard ». Très vite, le fossé se creuse. Forcément. Les éponges gonflent, gonflent, gonflent, s’alourdissent, les autres restent sveltes, sveltes, sveltes. Soit dit en passant, c’est peut-être pour cette raison que les cancres sont meilleurs en gym. Tout ce savoir dont ils ne s’encombrent pas ou dont ils se délestent, à peine transmis, en loucedé, les affinent, les allègent et ils filent comme le vent.
Mais en fait, toi, tu veux bien jouer les éponges. Les éponges, ça amuse les petits n’enfants. Tous autant qu’ils sont. Tous veulent absorber. Y posent des questions. Tous autant qu’ils sont. Y veulent tout savoir, les petits n’enfants. Tous autant qu’ils sont. Et y z’ont pas la réponse à une question que paf, y z’en posent une autre. T’as remarqué ? Faudrait être sourd pour pas remarquer. Y z’en sont soûlants les petits n’enfants. Mais attention, si y z’ont pas la réponse à leurs questions, très vite, les petits n’enfants, ils se lassent. Ils ne posent plus les questions dont ils savent qu’ils n’auront pas la réponse. Pas cons, les petits n’enfants. Pas de réponse, pas de question. C’est donnant, donnant. Sinon y jettent l’éponge. Et dès qu’ils arrêtent de poser des questions, les petits n’enfants, pas bon, pas bon.
Car c’est bien le problème avec le « grand réservoir des possibles », il faut qu’il soit à ta portée. Pas trop haut, parce que quand t’es petit, eh ben t’es tout petit. Ou alors faut quelqu’un pour te faire la courte échelle. Mais oui, c’est ça, il faut quelqu’un. N’IMPORTE QUI MAIS QUELQU’UN. Les Izambard, c’est pour plus tard. En dernier recours. Pour la plupart, l’Ecole arrive trop tard.
Trêve d’allitérations, vous m’avez compris (oh pardon, j’ai des renvois) : « Déterminisme socioculturel ». Tout est là, point barre. L’Ecole, c’est le Service Après Vente, et vous savez comment ils sont… ça traîne.
Je le dis, je le crie, je le proclame, foin de la résilience, l’Ecole peut tout et ne peut rien. L’Ecole est là pour pour produire de l’Education, pas pour compenser les inégalités sociales. Elle essaie bien la pauvre, elle est gentille, l’Ecole, elle est mignonne, elle est généreuse, elle essaie de colmater les brèches avec ses Izambards et ses Izambardes. Mais c’est dur, c’est dur, c’est dur !
Le déterminisme socioculturel est un précoce, un lève-tôt qui fait le pet à la porte des maternités. Faut pas le prendre pour de l’inné. Evidemment, l’idée selon laquelle il y a aurait des epsilons-nés (cf. Brave New World), ça arrange quand même bien les libéraux et ça permet de faire l’impasse sur de vraies politiques sociale, économique, humaniste quoi ?
Mais bon, je me lasse. Il y a des choses tellement évidentes que le seul fait d’avoir à les énoncer est la démonstration parfaite que leur expression sera vaine. Sinon, pensez bien, on m’aurait pas attendu. Je vais arrêter de faire cliqueter le clavier. J’ai pas l’air comme ça, mais je suis triste.
Cowboy
Bonjour Cowboy,
Je suis d’accord avec vous dans l’ensemble. Le milieu où on naît est, disons en simplifiant, à 80% responsable de ce que l’on deviendra, mais… Il y a aussi les aptitudes personnelles et ça le milieu n’y changera pas grand chose. Un peu de progrès si l’entourage est favorable, une régression si ce n’est pas le cas. On peut naître avec une cuillère en argent dans la bouche, et rester un parfait crétin toute sa vie (il n’est pas dit d’ailleurs qu’un enfant de « riche », soit toujours mieux éveillé par son entourage qu’un enfant de « pauvre »).
« Y posent des questions. »
Malheureusement certains n’en poseront jamais, ou trop peu (et ce n’est pas la faute du contexte).
Ah ça, je le savais (et le répète) que c’était une patate chaude. Et c’est pour ça que j’aborde ce sujet. On a beau faire, on a beau dire, l’idée « d’aptitudes naturelles » (donc de génétique) reste indéracinable. Même des gens de gauche y croient (c’est le syndrome du darwinisme social). Elle met à bas toute leur philosophie, toutes leurs convictions, tous leurs combats, mais rien à faire. Je crois et ne crois et ne croirai jamais qu’au contexte. Et pas à 80%. A 200%. Et jamais -oui, j’en ai honte mais je pèse mes mots- je n’ai été aussi sûr d’avoir raison.
Je ne dis pas, ne sous-entends pas, à aucun endroit, qu’un gosse de riche pourrait être mieux éveillé. Cette idée de la fortune comme facteur d’éveil, comme stimulant, ce n’est pas moi qui la met dans les têtes. Elle y est. In-dé-bou-lon-nable parce que relevant de l’imaginaire collectif et la raison ne peut rien contre l’imaginaire. Les passages en lettres capitales -je vais les mettre en gras- sont là pour le proclamer, le crier, le hurler. Je parle d’environnement. EN-VI-RON-NE-MENT. Le portefeuille est un élément de cet environnement, certes, mais il ne se réduit pas à cela que diable ! Qu’on puisse être riche et crétin, faudrait d’ailleurs pas me pousser longtemps pour que je dise qu’il y a cohérence et non opposition.
Et s’il fallait –ayons l’esprit large- admettre l’existence d’aptitudes naturelles à être Mozart -ça ne tient pas debout, mais bon-, elles constitueraient 1% d’un patrimoine berk… génétique, autrement dit seraient totalement inopérantes, inefficaces et passeraient totalement inaperçues. En d’autres termes, Mozart et Richard Clayderman ont tous deux ce petit 1% qui les poussent vers la musique. Mais au bout du compte…
Je suis (c’est déjà un bon point, mais je vais développer).
(en aparté : je suis d’abord rose de plaisir de voir la décoration mouvante de la colonne de droite de ce blog. A quelle adresse les pralinés Lanv*n et la Rol*ex déjà ? 🙂 )
Je suis ensuite convaincue à 200% itou de la pertinence de ce billet.
J’ajoute que dans « environnement » je vois surtout « communications » et « interactions » comme ingrédients. Si le fils de riche n’a que l’embarras du choix pour améliorer son quotidien matériel, il n’est pas forcément aussi bien achalandé en interactions chaleureuses (je me souviens d’un reportage sur une famille plutôt huppée où les parents étaient très contents de passer le weekend en famille, un weekend qui se résumait à une heure de voiture ensemble, parce qu’au final, ils passaient deux jours : l’un en stage de golf, l’autre en poterie/langues vivantes/expression artistique/yoga, le troisième en équitation et le petit dernier en halte-garderie -mais une belle, hein, avec des hochets de qualité !-).
Je pense aussi que la réussite scolaire est liée au projet des parents pour leur enfant, à leur projection en lui. Ce projet (je crois, hein, je ne suis pas dogmatique) se crée dès le début, des fois avant même la conception du bébé. Je crois que c’est lui qui fait une lourde différence à l’arrivée.
Pas de projet, pas de projection dans l’avenir, pas de sens de la marche, pas d’intérêt, pas d’interaction, pas de progrès, pas d’idée de progrès non plus, juste un ballotement conjoncturel et aléatoire, et au bout du compte, ben, je suis bien triste aussi du coup.
Kiki
Bon, la « décoration mouvante », je vais finir par la transformer en « déclaration émouvante ».
Eh oh, ça va, fais pas c’tte tête, RV, et détourne de moi ce révolver, c’est juste pour faire un mot. 🙂
Sur le billet : d’accord à 200 % avec vos 200 % (ça fait 400 % ou 40000 %..? cherchez dans wikipedia !)
Sur la déclaration émouvante : comment voulez-vous que cela me froisse ? C’est une preuve de plus que je suis sacrément bien marié… (bon maintenant je vais surfer sur playboy.com, Kiki est en courses… pis j’vais m’ouvrir une mousse, buuurp !)
RV assez 🙂 et 😀 , faut dire…
Cowboy,
Vous vous mettez en colère, persuadé que vous êtes d’avoir raison. Vous n’accepterez aucune contradiction. Il est impossible de discuter sur ce sujet dans ces conditions. C’est dommage.
Ah non, Françoise, pas ça. Pas vous, par pitié. Il n’y a pas la moindre trace de colère dans ma réponse. De la conviction peut-être (et encore… si vous saviez…) mais je vous mets au défi de trouver une once de colère. Et je viens de me relire pour vérifier. Certes, j’affirme, j’assène, ça je ne le nie pas. Toujours. Je provoque aussi. Mais il ne faut pas confondre ça avec de la colère. Voudrait-on que j’argumente sous Prozac ?
Très franchement, je n’ose le croire bien sûr mais de la colère, j’en subodorerais presque dans vos trois lignes. De l’amertume en tout cas (qui en est la boudeuse alternative).
Et c’est d’autant plus contradictoire, étrange, saugrenu, que vous me dites être dans l’impossibilité de discuter avec quelqu’un avec qui, disiez-vous plus tôt, vous êtes en accord à 80%. Ça vous laisse peu de marge de manoeuvre face à d’authentiques contradicteurs, non ?
Je n’ai jamais exprimé de colère sur ce blog. JAMAIS (les majuscules ne sont pas un hurlement non plus).
Vous m’accusez d’être persuadé d’avoir raison. Cette accusation est fondée. Elle n’est pas une fin de non recevoir au débat que je sache. Ou voudrait-on que je m’exprime en affichant ma certitude d’avoir tort. Ce serait peu banal, convenez-en.
Cowboy,
Lorsque que l’on écrit en majuscules sur le Net, cela équivaut à crier. C’est une convention qui ne date pas d’hier.
Aucune amertume, aucune colère dans mes propos. Simplement je pense qu’on ne peut pas discuter sur ce sujet où vous êtes persuadé d’avoir raison.
Ce n’est pas pour autant que je ne viendrai plus vous lire, ou vous commenter… sur d’autres thèmes.
Françoise,
On arrive au stade où je dois, je pense, vous faire réponse en privé.
Cordialement.
PS courrier adressé le 8/12 à 23h37
« Il n’est plus question de dire qu’un enfant est en retard ou en avance, car c’est un instrument de sélection. Chacun doit avancer sur le chemin du savoir à son rythme* et sans culpabilisation ou fierté par rapport aux camarades de classe. »
— Albert Jacquard, Moi, Albert Jacquard, ministre de l’éducation, je décrète sur le site de L’École démocratique, 2006.
* C’est moi qui souligne. J’interprète cette note de Jacquard comme l’indication qu’il y a une part d’innéisme dans le développement. Je ne dis pas que l’intelligence — Jacquard a souvent dit que tous les humains sont intelligents chacun à sa manière et a souvent dénoncé les tests de QI — soit innée en soi, toute formée dès la naissance, mais que les humains ont des capacités innées, par exemple le langage.
Bien le bonjour !
Pas facile de se glisser dans un débat pareil. J’ai une question candide, puisqu’on parle de Pangloss, quid de l’adoption ?
Quand on parle d’enfant de « riches » de « pauvres » etc en schématisant, on entend bien une part d’inné génétiquement transmise (avant, of course, les adjuvants que l’aisance financière peut apporter à l’éducation -la diversité notamment) ? Or, nombre d’enfants d’ouvriers sont des génies dans leur domaine (physique quantique et/ou pâtisserie) et inversement, me semble-t-il.
Ainsi, je serai tenté de penser que si « tout est joué » (peut-être) à six ans, trois ans ou à soixante (rayez les mentions inutiles), en revanche, tout est jouable à zéro.
Enfin, j’crois.
« PS. courrier adressé le 8/12 à 23h37 »
Cowboy,
Je n’ai rien reçu… Je ne sais pas pourquoi.
Bon dimanche.
Alors, c’est une patate chaude. Je suis très occupée ces jours-ci et je ne pense pas pouvoir écrire d’une façon convenable. Mais je tiens a échanger mon point de vue. Sans avoir le temps de faire des recherches, je puis par contre présenter des exemples. Le plus proche de moi, ma fille. Elle n’a jamais connu son papa ni sa famille. (Nous nous sommes séparés avant sa naissance et avons coupé tous les liens).
Bien.
Lorsque finalement, rencontre, puis connaissance et maintenant rapport très proche (depuis 4 ans), elle s’est rendu compte et a compris pourquoi certaines habitutes, goûts etc… pas du tout comme nous. Ils ne viennent pas de moi, mais de la famille du côté du père, des gens qu’elle n’avait jamais connus. Et pourtant elle a des aptitudes, inaptitudes et préférance – sa grandmaman paternelle tout crachée. Mes aînés sont de mon mari, donc pas de rapport. La aussi, des aptitudes qui viennent de la famille de ma maman et pourtant nous ne sommes pas les uns chez les autres.
All I am trying to say is that not all is a product of upbringing. Most of it – yes. Not all. Huge impact how you are brought up.
Let’s continue later on what is a « good parent » ?
I must sleep. Last night and the night before, practically no sleep – all in 30 min increments.
Cordially,
Catherine
Que de choses, que de richesses, ce matin à mon réveil ! Ça donne au café du matin un goût particulier que je recommande. Merci.
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Françoise,
Pas grave. Il semble qu’Orange ait été un peu capricieux ces derniers jours, je fais une nouvelle tentative ce jour, 9/12, à 10h10.
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Gilles,
Vous citez Albert Jacquard. Je crois effectivement que, sur un tel dossier, il est LA référence –non, les majuscules ne sont pas un cri :-). Je lis ou écoute toujours les déclarations de cette intelligence avec délectation. Le texte que vous indiquez est jubilatoire. Et je crois pouvoir affirmer (sans en tirer fierté) qu’il est largement en harmonie avec ce que j’affirme (ou plutôt, JE suis en harmonie avec les principes qu’il défend).
Et tout, chez Albert Jacquard, confirme que s’il y a une part d’inné dans le développement, elle n’est pas, jamais, déterminante. Evidemment, le croire peut flatter les partisans du « darwinisme social » dont on sait l’usage qu’ils en ont fait. Et ce qui me frappe, c’est que chaque fois qu’on avance cette hypothèse de l’inné, même timidement, il semble qu’elle prenne aussitôt des proportions outrancières et qu’on explique, qu’on justifie alors tout échec constaté, toute difficulté observée ou toute pseudo disposition à travers elle. Et je dis : Halte là !
S’agissant du langage, je ne suis pas certain qu’on puisse parler de « capacité » innée. Vous voulez certainement dire « aptitude ». En d’autres termes, l’homme a la configuration physique qui lui permet d’acquérir le langage mais celui-ci n’est pas inné. C’est même l’exemple par excellence de la toute puissance de l’environnement (et de l’environnement précoce). Faut-il rappeler que la plupart des enfants dits sauvages n’ont jamais pu développer leur aptitude langagière parce que sollicitée trop tard ?
NB Je me permets de citer un autre passage tiré de la référence que vous donnez : « Chaque professeur sera assisté d’un professeur de philosophie. Il faut en effet doubler l’accumulation des connaissances d’une approche par les concepts » (Albert Jacquard). Un de mes collègues de lettres s’est battu pendant des années pour introduire une heure de philosophie dans une classe de baccalauréat professionnel de mécaniciens. C’est chose faite cette année (sans garantie hélas que l’expérience pourra être reconduite l’an prochain). J’en observe en tout cas chaque semaine les effets positifs. Cette citation intervient comme un hommage à ses efforts.
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Ange 7,
Je vois mal ce que je pourrais ajouter à votre affirmation : « Ainsi, je serai tenté de penser que si “tout est joué” (peut-être) à six ans, trois ans ou à soixante (rayez les mentions inutiles), en revanche, tout est jouable à zéro. » Et l’on est bien d’accord que si tout n’était jouable qu’à 95 ou 96%, ce ne serait que la confirmation de ce que vous posez. Et je me garderais bien de rayer aucune mention inutile, surtout pas 60 ans, ne serait-ce qu’au nom de mon droit à l’espoir. 🙂
Je ne répondrai pas à la question de l’adoption. Pour plusieurs raisons : c’est d’abord un dossier que je connais très mal et son irruption dans le débat n’en faciliterait pas la cohérence. Je crois pourtant qu’il mériterait d’être abordé puisqu’il pourrait apporter de sacrés éclairages. Je laisserai ce soin à d’autres.
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Catherine,
Je comprends parfaitement l’exemple que vous posez et vous trouverez des centaines de témoignages qui vous conforteront dans l’idée de cet « atavisme » (d’ailleurs si le mot existe, on peut postuler que ce qu’il désigne existe aussi).
Je vous inviterais pourtant à la plus grande prudence à cet égard. Quid en effet de nos propres projections ? Je m’explique. J’ai envie de retrouver, chez mon enfant, son père, son grand-père ou son arrière grand-père et… fatalement, je le retrouve. Je sais que ce n’est pas facile à admettre, mais peut-être faut-il consentir l’effort. « Le monde comme volonté et représentation », on est là en plein Schopenhauer. Je ne peux au débotté vous en faire la démonstration mais le texte complet est en ligne.
PS BTW, Catherine, you sleep like a baby… all in 30 minutes increments 🙂
« Et tout, chez Albert Jacquard confirme que s’il y a une part d’inné dans le développement, elle n’est pas, jamais, déterminante. »
Et bien, si vous aviez dit cela comme ça dès le départ, je n’aurais pu qu’approuver à 100%. 🙂
Peut-être aussi ai-je mal compris votre propos…
(Toujours pas de mail. Une erreur dans l’adresse ? J’en reçois d’autres normalement).
Et je dis aussi, Françoise :
« Et ce qui me frappe, c’est que chaque fois qu’on avance cette hypothèse de l’inné, même timidement, il semble qu’elle prenne aussitôt des proportions outrancières et qu’on explique, qu’on justifie alors tout échec constaté, toute difficulté observée ou toute pseudo disposition à travers elle. Et je dis : Halte là ! »
Votre empressement à dire « Ah ! Ah ! il le reconnaît enfin » est la confirmation que cet hypothétique 1% persiste à faire de l’ombre à 99%.
Comment vous expliquer que cette phrase :
“Et tout, chez Albert Jacquard confirme que s’il y a une part d’inné dans le développement, elle n’est pas, jamais, déterminante.” signifie PUREMENT et SIMPLEMENT (non, je ne vais pas me censurer, la majuscule n’est pas, n’a jamais été un cri en dehors de la bande dessinée) : foin de l’inné, il n’est qu’une excuse de la société pour justifier sa propension à l’exclusion.
Et lorsque vous dites :
« Et bien, si vous aviez dit cela comme ça dès le départ, je n’aurais pu qu’approuver à 100%. » franchement, vous ne manquez pas d’air 🙂 puisque vous dites implicitement :
« Ben voilà, si j’avais été d’accord avec vous à 100%, là, on aurait pu discuter. »
C’est bien simple, je ne vais plus pouvoir taper sur le clavier parce que les bras m’en t…
Sans clore le débat, LA réponse en vidéo. 😉
http://www.oracle-lefilm.com/fr_filmView.html
Cowboy,
Je constate qu’il y a une grande incompréhension entre nous. Je dois m’exprimer bien mal pour que vous tiriez la conclusion que vous tirez de mes propos.
Je suis d’accord que la notion de « l’inné » ne doit pas servir à tout excuser ou le contraire (voir l’idée de la « pédophilie génétique » ou la « criminalité génétique » avancée par M. Sarkozy), ce qui est la porte ouverte à tous les eugénismes. Mais je maintiens (et je signe) qu’il y a une part non négligeable « d’héritage génétique » (véritable loterie quant à sa « composition ») en chacun de nous, et que c’est aussi un facteur que l’on ne peut balayer d’un revers de main.
« L »hypothétique % » que je ne chiffrerai pas est là. Ce qui fait d’ailleurs de chacun d’entre nous un être unique.
(N’oubliez pas de ramasser vos bras… :D)
5h12,
Welcome to Brave New World !
PS et la vidéo (80 Mo) est téléchargeable. Clic droit, « save as… »
Non, Françoise, il n’y a pas « incompréhension » entre nous. Il y a au contraire une compréhension parfaite, totale, quasiment idyllique.
En tout cas, moi, « je vous ai compris. »
« Part non négligeable d’héritage génétique » (bon, vous le dites, on peut pas chiffrer, mais ce qui compte, c’est de bien se mettre dans le cigare qu’elle est « non négligeable » la part, et sous-entendu quand même… grosse pour certains).
« Part non négligeable », dont acte, et surtout « loterie ». Ah, j’aime bien l’idée de loterie, c’est encore mieux que la génétique, la loterie. Personnellement, je joue jamais, mais je comprends qu’on se passionne. Dans « loterie », y a cette dimension d’aléatoire qui fout les pépettes, la montée d’adrénaline, tout ça.
« Approchez messieurs, à tous les coups l’on gagne, approchez mesdames, sortez vos seins, sortez vos seins, sortez vos cinq cents francs ! Et c’est encore gagné à ma droite, avec un canard, ah l’heureux veinard, il a gagné l’canard ! »
Enfin, y a tout de même un avantage de la loterie par rapport à la génétique, c’est qu’on peut rejouer. Enfin… à condition d’avoir les moyens.
Sinon, ma foi, qu’est-ce que vous voulez que « la bonne y fasse » (comme disait mon grand-père), t’as perdu, t’as perdu et tu déambules pendant quatre-vingt piges dans les rues sombres et froides de ta vie avec ton ticket « perdant » en poche.
« Pardon, monsieur ?
– Oui ?
– Le viaduc le plus proche s’il vous plaît ? »
🙂
PS Please, let’s stop now.
PS ‘ Allez, une dernière, mais JE VOUS JURE que c’est vraiment, uniquement pour rire : si vous me montrez votre ticket, je vous montre le mien.
Cowboy,
Vous vous en sortez par la dérision. Ce n’est pas un argument. Mais comme vous le dites Let’s stop now.
Bon dimanche et sans rancune aucune.
Cowboy, le viaduc n’est pas la meilleure solution, d’autant plus que la chute des corps qui s’éclatent à l’arrivée, a tendance à la longue à traumatiser les gens qui vivent dessous.
En revanche, dans les « rues sombres et froides » de la zac à côté de chez moi, ya des mecs, des vrais tueurs-nés, avec des gueules génétiquement patibulaires, qu’ont pas lu Kant, mais qui vous font le contrat vite fait bien fait pour trois fois rien…
(Tendez votre main par le soupirail de votre blog, là, que je vous file les contacts)
JHMV,
Bienvenue, ça faisait longtemps. Enfin, je sais pas en fait, mais c’est toujours l’impression que ça me donne. Bref, le passage de l’ange exécrable est toujours un plaisir pour les yeux et un bonheur pour l’esprit.
Merci, pour le tuyau. En fait, je n’exprimais aucun besoin personnel, mais bon, ça peut toujours dépanner.
Je suis assez d’accord avec toi, Cowboy; née de parents ouvriers sans le moindre diplôme, je n’en ai pas moins grandi avec un amour fou pour les livres et surtout leur contenu, et j’ai ainsi fait de moi-même une première de la classe de la première année de maternelle jusqu’à ma maîtrise de littérature justement. Bon, c’est après coup que j’ai mal tourné puisque je suis devenue une vague fonctionnaire, tombée par hasard sous la coupe d’un cow boy génial à l’enthousiasme contagieux. Je souffre néanmoins depuis… disons aussi loin que mes souvenirs remontent… oui, c’est ça… d’un complexe d’infériorité intellectuelle et culturelle. Car il n’y avait que bien peu de livres à la maison, mes parents n’ayant pas forcément les moyens mais surtout l’énergie de feuilleter la chose littéraire après dix heures de travaux de force dans le bruit et la saleté. Je n’aurai jamais assez de mon existence pour lire et apprendre, je ne serai jamais que moyennement cultivée à ma grande détresse.
Et aujourd’hui, j’ai un petit garçon de treize mois, et une de mes plus grandes hantises est de ne pas parvenir à lui transmettre ma vénération et mon amour des livres: comment lui faire comprendre, tout au long de sa croissance, qu’il est bel et bon de s’intéresser à ce que renferment toutes ces pages et bien d’autres encore, et même de s’intéresser… à tout ? Que réfléchir et penser par soi-même est la première richesse à s’approprier ? J’ai la trouille qu’il ressemble un jour à ce que je vois quotidiennement, et ça m’empêche parfois de dormir… C’est pas que je le croie stupide, au contraire. Mais je pense fermement que tout commence par ce que je vais lui donner et lui montrer de la vie, effectivement. Je crains juste de ne pas être à la hauteur.
Titania,
Ce genre de témoignage n’appelle bien sûr pas de réponse, en tout cas pas de la part de quelqu’un qui se levait toutes les nuits, pendant des années, pour regarder dormir son fils et écouter sa respiration.
Donner des leçons de sérénité n’entre pas vraiment dans mon champ de compétences.
Avec le recul, -étant désormais le père avéré d’un génie 🙂 euh… ou plutôt… le père (probable) d’un génie avéré , on pourrait juste conseiller d’essayer de ne pas trop s’inquiéter et de ne pas en faire trop pour le faire mal.
Se méfier du syndrôme de « l’arrache-coeur » de Boris Vian.
Mais franchement, je ne me fais pas trop de souci pour Lucas et l’embrasse.
Faut pas être triste ! Et faut pas te décourager ! Même si tu ne peux pas tout (ou si l’école ne peut pas tout) tu peux un peu. Et ce peu-là (une étincelle d’intérêt dans les yeux d’un élève, même s’il n’y en a qu’une par semaine, ou qu’une par mois) c’est toujours ça de pris contre la fatalité, contre l’ascenseur social en panne.
Le “Déterminisme socioculturel” peut-il s’apparenter au Destin ?
« Le destin guide celui qui l’accepte et traîne celui qui lui résiste » Sénèque.
Houla ! totem ! « déterminisme socioculturel » = « destin »… Tout doux 🙂
Allez, disons, à la louche, que le déterminisme socioculturel serait un destin sans Dieu.
Quant à Sénèque là… -l’Izambard de Néron 🙂 m’est avis qu’il ne faut pas lui confier les rênes du syndicat.
« Un cow-boy génial à l’enthousiasme contagieux », dites-vous Titania ? Voyez comme la phrase fonctionne parfaitement en redistribuant les mots : un cow-boy enthousiaste au génie contagieux ; un cow-boy contagieux à l’enthousiasme génial ; un cow-boy au génie enthousiasmant et contagieux etc… dès lors qu’elle se rapporte à l’auteur de ce blog.
JHMV,
Je suis comme vos paradigmes… bouleversé.
PS en fait… dans un premier temps, j’ai failli écrire : « Ben voyons ! » 🙂 Maintenant, à la réflexion, le « cowboy contagieux »… je sais pas si ça le fait.
Mr. Cowboy,
Un petit mot d’information à propos de mon sommeil: je suis une garde- malade privée et « Madame » a décidé de ne plus vouloir dornir la nuit et de se lever toutes les trente minutes (approximativement). De là mes nuits.
Dommage que nous ne pouvions continuer sur le sujet, car je ne suis pas d’accord avec vous.
Si vous saviez les histoires des nos familles, vous pourriez de suite croire que non – nous n’avions pas chercher des petits détails pour pouvoir dire: c’est tout comme pèpère ou grandmère – absolument pas.
Avais-je dit que ma fille est maîtresse d’école (pour le moment) avec les petits en dessous de 6 ans? She has stories and facts too.
Too bad I do not have better command of neither english nor french to convey my convictions, not theories. Nevertheless, no one could ever tell me that what I see is not there.
While I’m on the roll, what do you do, you, to open doors to children born in families were « brain stuff » = waste of time? There a loads of them around me and I try to show them a different life.
Good night – and good morning to you.
Catherine
Cow-boy, votre billet aurait du être lu à la rentrée des classes à la place de la lettre de Guy Moquet. Au moins, bcp auraient compris l’intérêt de le lire aux écoliers. Et, soyons fou, les écoliers eux-mêmes auraient peut-être aussi compris.
Catherine,
Thank you for your comment. Coffee will be waiting for you soon… (1:39 pm here… 4:39 am there… am I right ?).
May I remind you that I never said you did not see what you saw. What I said was : Don’t you think that, to a certain extent, we might make projections of our thoughts, hopes, expectations or whatever. I was not arguing, just putting forward a hypothesis which, I think, does make sense.
I also have examples that some… human features might jump over generations but I have no evidence. And as far as I know “no one could ever tell me : I have”.
You also asked me : “what do you do to open doors to children born in families were “brain stuff” = waste of time ?” Well, I teach as you guessed and just… do my best. That’s all. I do not think that I have the capacity to open doors to children (I can hardly walk though walls myself). The only thing I can do is help them forge their own keys. And it seems that I am not such a bad locksmith. 🙂
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Murat,
C’est gentil mais il faudrait donner une preuve de vie car je crains qu’on pense que j’utilise Murat comme pseudonyme alternatif.
Il est 9:40 du matin ici (we have the 1hr change, spring ahead in the spring – fall back in the fall) so I’m not certain if we are 8 hrs behind. I am having « café au lait » ce matin avec des biscottes! Et j’ai bien dormi – chez moi!
Quelque chose d’intérêt: mon fils « adopté » qui est venu de l’ancien Zaire, est noir comme du cirage – le seul dans sa famille. A l’époque des premiers missionaires belges, l’un avait épousé une converte (photos en main, je les ai vues). In my ligne of work, I have seen many such examples. Old folks (my self included) in possession of photographs from the 1800’s and there, standing in the living room, a young person with such a striking resemblance, it makes your jaw drop.
Entre-deux, ce jeune homme est maintenant en train de finir son internat – specializing in brain surgery.
But this was not your primary subject, I simply commented and what you introduced in your last answer. BTW What kind of evidence are you looking for?
This has been an interesting conversation. Could be continued, but I must go. On top on my duties, I am very involved with my own grand children, my home and heart open to any child who let’s me ( right now around 12 of them) and as you can figure out whatsoever else I may be able to do to « make a difference », including my finances.
Don’t be so modest, I’m sure that you are a great teacher! No one is supposed to walk thru walls – tear them down or get over it is more like it. Keep up the « keys ».
OK let’s have coffee – Starbuck.
Catherine,
You say it was 9:40 am there when you posted your comment. If I look at the server’s time, it says 6:48 pm. I am not the sharpest knife in the drawer when it comes to maths but I would say that you are 9 hours back.
You are right when you suggest we could discuss that issue for ever and never see the end of it. You ask what kind of evidence I am looking for.
I would say scientific evidence but I am afraid it is not available (I am not talking about physical resemblance of course – there we can give evidence, but when it comes to the mind…).
Anyway, let’s say that matter gave us the opportunity to have this conversation and I think it is good enough.
Thank you for your suggestion to put the walls down or get over them. I like it better than walking through them. 🙂
La preuve de vie et la difference de vue, je crois l’avoir donné dans votre article précédent en disant que si le gène de la misère intellectuelle n’existe pas physiquement, le regard et l’action des « autres », de la société rend ce non-gène plus que réel. Les castes n’existent pas qu’en Inde. Le jugement de l’autre et le besoin de s’en distinguer est lui certainement une composante humaine.
Je ne sais toujours pas si j’ai réussi à être clair, par contre 🙂
Parfaitement clair, Murat, parfaitement clair.. Comme d’habitude. 🙂 Merci encore pour ce commentaire.
Ben voilà, j’suis émue à vous lire tous. Titania, je vibre de votre témoignage malgré une génération de différence. Ma soeur aînée est ravie du chemin parcouru par rapport aux grands-parents, moi je suis frustrée. Je me bats avec mon aînée pour qu’elle poursuive ses études au delà des miennes.
Mme JHMV et Cow-boy parfois l’humour n’en est plus, en fonction du contexte : chez moi, le viaduc est la solution choisie par les jeunes pour guérir définitivement de leurs chagrins d’amour.
Coww-boy je ne crois qu’en l’enthousiasme et la passion que j’estime, elle, contagieuse. A ce jour, j’en suis en panne… de tout ça, mais je pense revenir un jour sur les starting-blocks…
Sur tout le reste, votre débat est passionnant : récemment, je suis allée chercher la cinquième génération de mes ancêtres dans un pays limitrophe : je me suis retrouvée alors avec ce que je croyais être de l’acquis qui était, évidence, de l’inné : mon goût de la terre et des chemins de crête. Néanmoins, je crois pouvoir affirmer que l’intelligence serait comme une graine déposée dans une terre ; celle-ci est soit en jachère, soit cultivée ; le sol est soit fumé soit aride ; les cultures bénéficient d’un assolement ou pas. La terre est exposée au soleil ou à l’ombre, il y a irrigation ou sècheresse. De cela, dépendra le développement de la graine. Parfois, les graines restent en terre très longtemps sans germer. Puis, un jour, les conditions sont réunies et la germination se met en route : pour ma part j’ai une confiance infinie en l’homme et ses possiblités d’évolution et de progrès.