On se préoccupe toujours trop dans le roman de la cohérence, des transitions. La fonction de l’esprit est entre d’autres d’enfanter à l’infini des passages plausibles d’une forme à une autre: c’est un liant inépuisable. Le cinéma du reste nous a appris depuis longtemps que l’œil ne fait pas autre chose pour les images. L’esprit fabrique du cohérent à perte de vue. C’est d’ailleurs la foi en cette vertu de l’esprit qui fonde chez Reverdy la fameuse formule: « Plus les termes mis en contact sont éloignés dans la réalité, plus l’image est belle. »
Julien Gracq, Lettrines, Éditions José Corti, 1967, pages 40/41.