Equité

J’en aurais volontiers remis une couche sur le sport. Faut dire aussi que Benjamin fait qu’à me titiller, à m’agacer la babine de sa badine virtuelle pour que je montre les crocs. Seulement voilà, le temps m’est compté. Pas que ça à faire. J’ai déjà considérablement réduit mon rythme de publication mais il semble que ce pays (par l’intermédiaire de mon employeur) soit chaque jour plus assoiffé de ma sueur et gourmand de mes talents. Et en bonne pâte que je suis, je ne peux pas m’empêcher de rendre service. J’ai bon fond.

A ce propos d’ailleurs, quand je vois l’omniprésence de certains (dont je peux fournir la liste sur simple demande via e-mail) sur ces espaces, leur fréquence de publication, la façon dont ils arrosent chaque blog de leurs commentaires, je me dis qu’il doit y avoir un paquet de « régimes spéciaux » dans la blogosphère. Pensez donc, y z’ont le temps, ces parasites ! Z’en fichent pas une rame de leur courte carrière et dès l’apparition de leur première patte d’oie, halte là ! qu’ils crient, on n’en peut plus, on arrête. Et c’est nos cotisations qui financent leur retraite dorée et quasiment impubère.

Mais ça va pas durer comme ça. Y z’auront bientôt fini de se goberger à nos frais, ces feignasses. Le texte est prêt, a dit Fillon. Y a plus qu’à le faire signer par le patron. Hein ? quoi ? Comment ça vous ne voyez pas qui est Fillon ??? Mais si, le… euh… attendez… il est… euh… ah bon sang !… bon ça me revient pas tout de suite mais je sais qu’il est haut placé.

Donc disais-je, terminé les « régimes spéciaux » ! C’est pas trop tôt. Au nom de l’équité ! En tout cas, c’est ce qu’ils disent tous. Même Stéphane Paoli, l’autre jour, qui recevait Bernard Thibault, y est allé de son appel à l’équité. Manuel Valls aussi. Ben voyons. Nouveau ralliement à la droite ? Pensez donc (quoique… quand on s’appelle « Valls »). D’un autre côté, qu’un socialiste se range du côté de l’équité, rien que de très normal.

Cette volonté affichée d’équité ne peut rencontrer qu’une adhésion unanime et c’est sans doute pour ça qu’elle rencontre une adhésion unanime –excepté chez les « régimes spéciaux » eux-mêmes, bien sûr, mais on les voit venir avec leurs charentaises.

Dans le cas présent, cette tentation de l’équité s’appuie sur le constat qu’une minorité de citoyens bénéficie de privilèges arrogants tandis qu’une majorité en chie des ronds de chapeaux. Notez bien qu’on dit « être soumis au régime général » mais « bénéficier d’un régime spécial ». A partir de là, on a deux options :

Élargir les privilèges en question à la majorité lésée (mais vous voyez le boulot et les frais) ou couper tout ce qui dépasse. C’est l’option deux qui a les faveurs de nos dirigeants. Et les soumis au régime général d’applaudir. Ils en chieront les mêmes ronds de chapeau mais ils auront la satisfaction de voir leur détresse partagée par un plus grand nombre. Ah, on se sent tout de suite mieux ! On pourra enfin vivre un trajet exaltant, à 300 à l’heure en TGV, en se disant que le conducteur est un sexagénaire à la vue basse et aux réflexes amoindris. Ça mettra un peu de piment au voyage.

Ce qu’oublient en l’occurrence un certain nombre de « soumis » que l’équité promise rassure et réjouit, c’est qu’ils furent eux-mêmes, en d’autres temps (réforme des retraites de 2003), les privilégiés d’autres « ronds de chapeautés ». Et que la réforme qu’ils ont dû avaler n’était que la tête de pont qui permet de s’attaquer aujourd’hui aux « régimes spéciaux ». Ils auraient tort pourtant de penser qu’on en a fini avec eux. J’y reviendrai un autre jour.

On me dira que je vois de l’obscénité partout (c’était déjà le cas dans mon billet précédent) mais je trouve un peu fort de café qu’on ose présenter la mise à mort d’acquis sociaux (1) comme une mesure d’équité. Que si peu de voix s’élèvent pour dénoncer l’ignominie de l’argumentaire est confondant. C’est sans doute et encore la conséquence du syndrome de TINA (There Is No Alternative).

Le libéralisme qui se fait aujourd’hui le chantre de l’équité est aussi celui qui permet l’octroi d’un golden parachute de 8 millions d’euros à Noël Forgeard et qui, toujours par souci d’équité, distribue, dans le même temps, une prime annuelle de 3 euros aux employés d’EADS. Qu’attend-t-on, au nom de cette même équité, pour faire le constat que 70% des contrats de travail sont des CDD et présenter la suppression pure et simple des CDI comme une mesure d’équité ? (rassurez-vous, Lolo y pense). Qu’attend-t-on pour dire que les cadeaux fiscaux somptuaires qui viennent d’être faits – au nom d’une équité dont on voudra bien me développer le détail – exigent qu’on trouve de l’argent frais ailleurs et que le démantèlement des « régimes spéciaux » pourrait permettre de dégager des marges ?

Non, non, non et non, qu’on casse la fonction et les services publics, qu’on saigne l’Éducation Nationale, qu’on arrose les puissants de largesses tant qu’on voudra (puisque l’électeur semble s’en accommoder) mais qu’on ne vienne pas insulter mon intelligence en déguisant sous les oripeaux de la justice ce qui n’est qu’une saignée supplémentaire. Oui, cet argumentaire est obscène et son nez rouge est grotesque.

Mais au fait, c’est quoi l’équité ? Non, c’est pas un cheval. C’est un concept, une qualité qui sent la bonne justice. Attention, il ne faut pas confondre l’équité avec l’égalité. Entendons-nous bien. Il y a, dans l’égalité, quelque chose d’un peu commun, même carrément vulgaire. L’équité a davantage d’élégance, de chic et de classe.

Voici ce que dit, en substance, mon dictionnaire pour l’entrée « équité » : « Justice naturelle, opposée à la rigidité du droit ». Intéressant, non ?

L’équité est donc « naturelle ». Le voilà bien le mot qui tue. Enfin, qui me tue. Oui, l’équité – parce qu’elle est naturelle – a bien sa place dans une logique libérale. Le libéralisme, je l’ai déjà écrit, c’est naturel. Et la nature, c’est la jungle. C’est la loi du plus fort. J’entends d’ici Laurence Parisot fredonner « Asseyons-nous sur le droit, soyons naturels ». Voilà pourquoi, d’instinct, et avant même de vérifier la définition du mot, ce concept d’équité me restait en travers de la gorge. A la nature, j’ai toujours préféré la culture et à la jungle, la CIVILISATION.

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(1) La nécessité de s’attacher un personnel qualifié, soumis à de fortes contraintes professionnelles, la volonté de récompenser ceux qui exerçaient un métier vital pour la nation ont conduit l’Etat et d’importants employeurs privés à créer des régimes de protection sociale spécifiques à certains secteurs d’activité bien avant que ne soit organisé un système général de sécurité sociale… (lire la suite sur le site des régimes spéciaux)

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40 commentaires pour Equité

  1. Ludion Libre dit :

    Certains emplois auraient bien mérités un régime spécial ! Les employés du bâtiment travaillent jusqu’à soixante cinq ans et pour certains ce n’est vraiment pas facile… Pour en revenir au rapport égalité/équité et au golden parachute de Noël Forgeard ils semblerait que certains aient un appétit nettement supérieur à la moyenne et considèrent néanmoins qu’il est « naturel » de se voir rassasier au même titre que les autres… Question de point de vue 😉

  2. Françoise dit :

    Ils vont quand même pas se pleurer les (environ) 120 000 employés d’EADS. Avec les 3 euros qu’on leur offre (et à quel titre ? C’est pure générosité !) cela fait 360 000 euros en moins dans les caisses de l’entreprise. C’est pas rien quand même ! Combien de boulons ça représente 360 000 euros ? Qui va en être de sa poche maintenant pour les acheter ? C’est le pauvre Louis Gallois ! Faut réfléchir un peu avant de critiquer

    Laurence Parisot, elle l’a bien dit « La liberté d’entreprendre s’arrête là où commence le code du travail », et aussi « L’entreprise c’est la vie ! » * Voilà pourquoi il faut en finir avec toutes ces bêtises : la retraite, le code du travail, rien que des trucs qui empêchent les gens de vivre vieux et heureux en travaillant plus. Elle a raison Mme Parisot, je comprends pas que les gens se plaignent tout le temps.

    Elle a dit aussi « Il y a de nombreux tabous qui ont été levés. Les Français ont cessé de faire l’Autruche. Ils ont accepté de regarder les choses en face et ceci change tout. Nous pouvons désormais envisager le meilleur pour notre pays. » (‘invitée d’honneur d’un « grand show de l’entreprise » organisé par le MEDEF 13, le 4 Juin à Marseille – citée sur le site du MEDEF).

    Voilà ce qui explique l’adhésion unanime de « l’Autruche ». CQFD.

    Le travail c’est la santé ! Travailler toute sa vie, c’est la vie ! Youppi !

    * Si vous ne les connaissez pas, il faut lire ses citations (à « Laurence Parisot« ) sur Wikipedia, ça vaut son pesant de cacahuètes… Ses discours (sur le site du MEDEF) sont aussi de petits chef-d’œuvres à ne pas manquer.

  3. Posuto dit :

    Qu’est-ce qui fait que quelqu’un, un individu X, appelons-le Robert, se dise : « Qu’ils en bavent autant que moi, les autres ! » et non pas « Moi aussi, moi aussi, je veux arrêter d’en baver ! » ?
    (et c’est une vraie question que je me pose, pas de trace d’ironie, y’at-il un psycho-socio-philoso-penseur dans l’assistance (publique) ?)
    Kiki(désemparée)

  4. Cowboy dit :

    Ludion libre,
    Moi-même je me dis parfois que je mériterais bien un régime spécial. Il me semble que je suis sous-employé et que mon vrai talent, la contemplation, mériterait davantage de moyens que ceux qui me sont accordés.
    ———————————–
    Françoise,
    Vous avez raison. De bout en bout. :-). Puis-je me permettre d’ajouter cette belle citation encore de la Lolo (déjà citée sur ce blog dans Trepalium 3) : « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail ne le serait-il pas ? »
    Bien cordialement.

    PS je me suis permis d’ajouter un lien direct dans votre commentaire vers la page à laquelle vous faites référence. Merci de ce rappel.
    ———————————–
    Kiki,
    Mais c’est très simple voyons. Pour que Robert réagisse comme vous attendez qu’il le fasse, il faut qu’il lève son gros cul du canapé, qu’il descende dans la rue, qu’il s’empare des moyens de production, etc.. Bref, un tas de trucs très fatigants qui risquent de lui faire rater la retransmission d’un match ou la finale de Koh Lanta.

  5. Françoise dit :

    Cowboy,

    Merci beaucoup pour le lien.

    Je suis comme Kiki, à me demander pourquoi les « défavorisés » sont heureux de voir que d’autres vont les rejoindre, plutôt que de vouloir une amélioration de leur situation. Le malheur des autres consolerait-il de son propre malheur ?

    Une remarque : quand Mme Parisot est contente j’ai peur, ce n’est pas bon signe pour l’avenir de l’Autruche…

  6. Benjamin dit :

    Le pire, c’est que petit Monnier avait prévenu. C’est clair, on le savait…

    Nivellement par le haut et non par le bas? C’est « économiquement inepte ». Redonner aux gens qui travaillent une petite partie des 10% de PIB qu’on a filés en 30 ans aux revenus du capital, c’est « archaïque »

    Françoise, vous avez bien raison d’avoir peur avec Laurence mais moi j’ai encore plus peur quand un « socialiste » se met à réfléchir, ces temps-ci… La sarko-compatibilité les touche à peu près tous, sauf peut être Mélenchon.

    _____________________

    C’est vrai que le rapport de force, avec le conditionnement de l’opinion, n’est guère favorable à une riposte frontale. Mais que l’inénarrable Valls, par exemple, n’ait même pas songé à commencer son « argumentation » par : « et quoi, en échange? » selon le sacro saint principe qu’on n’abandonne pas un acquis social, mais qu’on peut éventuellement l’échanger contre un autre d’au moins même valeur, ça dépasse l’entendement.

    Faut dire qu’il y a un subtil débat casuistique en ce moment: faut-il « changer » ou « se rénover »? C’est sûr que la condition des salariés, à côté de ça…

  7. Cowboy dit :

    Benjamin,
    Vous avez encore été modéré. Je jure que je n’y suis pour rien.
    Le « petit Monnier », j’adore. 🙂

  8. Cowboy dit :

    Et un merci spécial à Madame de Keravel pour m’avoir signalé, une fois de plus, avec tact et en aparté, les deux ou trois coquilles qui, de ce beau billet, détruisait l’harmonie. Il en rougit le bougre !

  9. Benjamin dit :

    Je suis plus ou moins tricard sur la plateforme du Monde.fr.

    Donc, je vous crois quand vous me certifiez être innocent!

    On arrive à ce paradoxe incroyable. Petit Monnier ne résiste pas au plaisir d’écraser une fois de plus le ministridicule qu’il a posé à Matignon (en lui confisquant en outre sa résidence de la Lanterne dès le début, pour bien faire voir qui était « le maître ») et cite « des métiers à forte pénibilité sans régime spécial auxquels il faudra aussi penser ». On sait bien qu’il ne fera rien en faveur de ces régimes – sauf peut être débaucher encore un socialiste pour qu’il anime une « commission » de réflexion – mais il apparaît plus en pointe que Valls!

    Ah… le régime spécial des parlementaires… Plus personne n’en parle.

  10. De rien monsieur le garçon vacher !
    Je préfère te signaler en aparté tes fautes de frappe que commenter. Le seul commentaire qui me venait à l’idée sur ton exposé remarquable et ô combien sérieux sur l’équité était que ça me faisait penser à une chanson de Boby Lapointe « ta Cathy t’a quitté ». Tu vois … ça vole pas haut … c’est pas au niveau des autres commentateurs qui sont tellement pertinents et pugnaces. Heureusement que je me suis abstenue 😉

  11. « Et un merci spécial à Madame de Keravel pour m’avoir signalé, une fois de plus, avec tact et en aparté, les deux ou trois coquilles »…
    Madame de K. : fayotte!!!

  12. Françoise dit :

    Benjamin,

    « … un “socialiste” se met à réfléchir » : Je les croyais tous morts. Vous êtes sûr qu’il y en a qui bougent encore ?

  13. Posuto dit :

    Suis tombée sur ça :
    http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-953362,0.html
    Pourquoi ça ne passe pas à TF1 avant Navarro ? (ou une autre émission, je ne les connais pas, je regarde pas tf1)
    Kiki

  14. tellmewhy dit :

    Le hic dans l’affaire des régimes spéciaux est que le contribuable paie la retraite du cheminot. Il la paie cher la retraite du cheminot qui lui ne paie pas la retraite du contribuable.

    Et pourquoi n’aurait-il pas droit au même traitement le contribuable, surtout que le train devient un luxe vu le prix du billet. Les pauvres ne prennent plus le train. Il le regarde passer comme les vaches.

    Je suis de gauche, mais les raisonnements politiques ci-dessus me laissent perplexe. Finalement, on risque de rester dans l’opposition pendant longtemps avec vos raisonnements sans nuances, en dépit d’une syntaxe irréprochable.

    Désolé de pertuber la quiétude de ce blog.

  15. Françoise dit :

    Tellmewhy,

    Parce que le cheminot, ce n’est pas un contribuable ?
    Parce que c’est le cheminot qui fixe le prix du billet ?
    Parce que être de gauche c’est penser comme la droite ?
    Parce qu’en admettant ce que fait la droite on s’oppose ?

  16. Benjamin dit :

    « Je suis de gauche » mais je jalouse mon pote salarié cheminot, je ne dis rien des revenus du capital qui enflent comme Michael Moore pendant le tournage de son Docu sur McMerde

    « Je suis de gauche » mais je ne pense pas une seconde qu’on pourrait asseoir les cotisations sur autre chose que sur les salaires, ou la TVA. Ou harmoniser vers le haut et pas tirer vers le bas.

    « Je suis de gauche » mais je jalouse les cheminots; pas les parlementaires, pas les clercs de notaire, pas les militaires.

    De la gauche comme ça, je m’en passe fort bien. Sarkozy me suffit (ou Rocard, c’est pareil sur le plan économique)

  17. Cowboy dit :

    Mon cher « Tell me why »,
    Ne vous excusez pas, vous ne perturbez rien du tout et vous êtes sincèrement le bienvenu. Il n’est pas faux (et je m’en faisais la remarque y a pas 5 minutes) que ce blog attire, majoritairement, des GENS DE GAUCHE. Sachez pourtant qu’il est tout à fait près à accueillir des « GENS DE GAUCHE MAIS ». J’ai d’ailleurs constaté qu’ils étaient de plus en plus nombreux et je ne crache pas sur l’audience. Ce blog a même, dans un passé récent, lancé un appel à quelques contradicteurs de droite pour leur demander de nous citer une SEULE MESURE SOCIALE prise à l’initiative d’un pouvoir de droite (hors luttes sociales s’entend) au cours des deux siècles passés. A ce jour, je reste en attente de la première citation.
    Sur le détail de votre… argumentaire, je n’ai rien à ajouter aux réponses qui vous ont été précédemment faites.
    Vos compliments sur la forme me vont bien sûr droit au coeur et je suis de surcroît 100% d’accord avec vous lorsque vous parlez de raisonnements sans nuances.
    Je suis comme vous, de GAUCHE, MAIS je ne suis pas et ne serai jamais de « GAUCHE MAIS » (à une virgule près, c’est fou quand on y pense) comme je ne fus jamais :
    « contre la chasse mais… »
    « contre la corrida mais… »
    « contre la peine de mort mais… »
    « pas raciste pour deux sous mais… »
    Je suis de gauche à en avoir la joue écrasée contre le mur de gauche.
    Nos divergences, si l’on y réfléchit, sont minimes. Mes outrances vous laissent perplexe (allez… vous agacent un peu) et je fais, moi, un prurit au seul bruit de la conjonction MAIS. Qu’y pouvez-vous, qui puis-je ? Régalez-vous donc de la forme, qui vous agrée, et pardonnez-moi le fond que (ne l’ai-je pas annoncé), j’ai bon.

    Bien à vous.

  18. marie dit :

    Parfois, j’ose le dire, il m’arrive de douter que mes positions de gauche soient les bonnes. Parfois, le lavage de cerveaux médiatique, les soupirs résignés de certains amis qui veillissent, les soucis professionnels, etc, m’atteignent. Alors, je me dis, moi aussi, à quoi bon? A quoi bon croire en ces idées qui deviennent, du moins me semble-t-il, chaque jour moins visibles (ou moins fortes, je ne trouve pas le bon adjectif), moins respectées (peut-être) ?
    Dans ces moments-là, je viens lire votre blog pour me rafraîchir la mémoire et j’en repars souvent regonflée à bloc et pleine d’espoir et de confiance car ça fait chaud au coeur de sentir ses convictions partagées.
    Tout cela pour vous dire qu’il ne faut surtout pas que vous cessiez vos commentaires acerbes mais si bien argumentés: ils me donnent des armes pour répondre à tous ces gens atteints de sarkozite légère ou aigüe.

  19. Cowboy dit :

    Marie,
    On m’accuse parfois, gentiment, d’être un peu cabot et je dois avouer qu’à la relecture, j’ai du mal à trouver des arguments pour ma défense. Pourtant -on n’est pas obligé de me croire- des commentaires dans le style du vôtre (qui me flattent et m’obligent) me donnent envie d’aller me cacher.
    Merci à vous et si vous pouvez douter de bien des choses, ne doutez pas, en tout cas, de vos convictions généreuses.
    Bien cordialement.

  20. Titania dit :

    Moi, je crois surtout qu’au lieu de faire garçon vache, faudrait au moins faire des clones de toi pour qu’eux essaient de faire président.

  21. tellmewhy dit :

    La répartition est un système ou ceux qui travaillent paient la retraite de ceux qui sont à la retraite. Les gens vivent de plus en plus vieux. Donc il faudra travailler plus pour payer la retraite des retraités à moins de dépenser de l’argent que l’on a pas.

    Vous défendez l’inégalité de traitement. Comment trouver l’argent? Pourquoi le cheminot et pas le salarié à la chaîne?
    Une réponse argumentée doit expliquer les mécanismes de financement ou alors c’est trop facile intellectuellement. Presque de la paresse.

    Dans vos remarques, je vois une sorte de posture, une absence au monde qui nous entoure. « Je suis de gauche. » Point. Donc contre toute remise en cause d’un système qui se dit de gauche.
    La gauche? Une sorte de club. A l’anglaise.
    – De gauche, je suis. Vous en êtes?

    Vous êtes l’absence de doute? En cela, de droite je trouve.

    Je suis contre la peine mort, contre la chasse, contre la corrida
    Je ne suis pas raciste. Mais ce n’est pas cela le plus important. Je déteste Sarko, mais j’ai le droit d’être d’accord avec lui quand je pense qu’il a raison.

    En fait, je suis contre toute forme d’oppression. Je suis pour la vérité, en cela disciple de Bernard Williams.

    Je croyais être de gauche. En fait non. Pas la vôtre. Je suis cent pour cent contre Sarko, contre la droite, mais je suis à des années lumières de votre gauche. Martien, peut-être, je suis.

    Encore désolé.

  22. Cowboy dit :

    Tell me why,
    Merci pour votre réponse. Confronté à la nécessité de travailler plus moi aussi :-), je ne suis pas en mesure de vous répondre dans des délais raisonnables. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas nécessaire, l’essentiel étant que vous puissiez exprimer vos divergences. Et il n’est pas dans mon intention de soulever ici une polémique. Lorsque les points de vue sont a priori irréconciliables, de simples échanges de commentaires seraient vains.
    Vous parlez -pardon… vous évoquez-, le système de retraite par répartition. Je vous promets d’aborder prochainement cette question.
    Cordialement.

  23. boyinthedark dit :

    Je me permets de vous signaler l’emission de ce matin sur France Culture avec l’ami Bernard Bruhnes sur la retraite.

    En tout cas, je vous remercie de me laisser m’exprimer sur une question qui selon moi est fondamentale.

    Et j’attends avec impatience votre article sur le système par répartition. Sachant que j’aime beaucoup votre tournure d’esprit.

  24. Posuto dit :

    Tellmmewhy, excusez-moi d’intervenir en tant que spécialiste de rien, mais vous écrivez :
    « La répartition est un système ou ceux qui travaillent paient la retraite de ceux qui sont à la retraite. Les gens vivent de plus en plus vieux. Donc il faudra travailler plus pour payer la retraite des retraités à moins de dépenser de l’argent que l’on a pas. »
    Alors moi, je me dis : c’est bête que l’Etat mette les sous dans des bocaux hermétiques.
    Par exemple, moi, si j’avais plus de sous pour acheter le pain et les yaourts dans le bocal « nourritures terrestres », eh ben j’ouvrirais le bocal « loisirs et futilités », ou le bocal « armes, poisons et cordes de pendus » ou le bocal « pyjamas et chaussettes » et je prendrais des sous dedans pour m’acheter mes tartines et mes yaourts bulgares, quitte à me passer de cordes de pendus un certain temps.
    Mais bon, je ne suis pas l’Etat.
    Et en plus, soyons francs, que la vérité se fasse enfin, même si elle est cruelle, je n’ai pas de bocaux (en plus, je gère mon budget comme une courge, ce qui est un mauvais choix car les courges ne sont pas réputées pour leur excellence en économie).
    M’enfin, l’idée est-elle mauvaise ? N’y a-t-il pas des fonds à tel endroit qui pourraient être investis à tel autre endroit, dans un but louable qui serait, par exemple, que vivre vieux ne soit pas synonyme de travailler vieux ?
    Kiki

  25. Benjamin dit :

    Système fondé sur la répartition? Pourquoi pas!

    Alors que le capital rende (bis repetita les 10% de PIB qu’il a larronés à ceux qui le créent en travaillant, qu’on utilise ces 10% à financer la solidarité.

    Corriger des inégalités de traitement? Pourquoi pas? On veut faire bosser davantage les cheminots mais ça ne gêne personne qu’un maçon continue jusqu’à 60 ans, pour obtenir ensuite une retraite de misère. L’idée fondamentale du combat syndical qui devrait être appuyé par tout progressiste c’est que si on échange un acquis social, on ne l’abandonne jamais sans une contrepartie au moins égale.

  26. Cowboy dit :

    Le débat bat 🙂 son plein et je suis débordé. J’enrage mais n’y peux rien. La question des retraites et de son traitement… libéral est, me semble-t-il, assez simple à poser et à expliquer. Dès que j’ai une minute j’y reviens. A bientôt.

  27. « Et j’attends avec impatience votre article sur le système par répartition », dit un des commentateurs.
    Ce qui est tout de même remarquable, c’est que l’on attende de Cowboy qu’il fasse le travail que devraient normalement faire les journalistes. Mais bon, faut dire, c’est un peu le désert, en ce moment. Entre ceux qui s’auto-censurent, ceux qui sont dans un état de sidération, et ceux qui se font embobiner et neutraliser par les discours émotionnels, ya plus grand monde pour développer l’analyse qui fâche.

  28. Benjamin dit :

    Pour le moment, ce sont les « régimes spéciaux », les « privilégiés » par rapport aux fonctionnaires

    Ensuite ce seront les fonctionnaires à aligner sur le « privé » (c’est déjà bien avancé)

    Ensuite, amis du privé, ne rêvez pas: on vous expliquera que les artisans sont plus mal lotis que vous et vous y passerez aussi.

    Puis on descendra au niveau des retraites agricoles.

    Et ensuite, au nom de la mondialisation bienheureuse on rappellera que dans nombre de pays « dynamiques » il n’y a pas de retraite versée, que la France est archaïque et qu’il faut la « moderniser »

  29. Françoise dit :

    Il y a un système où le problème des retraites ne se pose pas, où on peut travailler plus sans rien gagner. Où la flexibilité, la rentabilité la productivité sont au top.

    Réhabilitons l’esclavage !

  30. paupolette dit :

    Un système par répartition doit, selon mon humble et incompétent avis, être autonome.
    Il semblerait que les effets du chômage, de la faible croissance et de la démographie rendent l’équilibre impossible.
    Il faudra donc un jour ou l’autre jour agir sur les recettes, d’autant plus que nombreux sont ceux qui voudraient que les dépenses augmentent.
    Je ne pense pas que le système des bocaux de Kiki soit une bonne solution.
    Mais au fait, pour qui me prends-je pour m’opposer à Kiki ?

  31. Posuto dit :

    Paupolette, je vous jette mon gant à la face. C’est un duel que vous voulez, c’est ça ? Demain matin à l’aurore, et j’attends vos témoins.
    Et pis, qu’est-ce qu’ils vous ont fait mes bocaux ?
    (en fait, c’est quoi un système autonome ? Et là, Kiki avoue s’y connaitre mieux en bocaux qu’en répartitions, et elle s’assoie très très bas dans son fauteuil en regardant ses pieds et en rongeant ses ongles)
    Paupolette, j’annule ce duel : demain j’ai piscine (et confiture. Et les deux en même temps, c’est pas une mince affaire).
    Kiki 🙂

  32. paupolette dit :

    Je suis devant la piscine et vous brillez par votre absence.

  33. titania dit :

    Pourquoi faire un cadeau fiscal à des gens qui avaient déjà les moyens d’emprunter en arguant qu’on vaut une France de propriétaires, au lieu de payer les retraites avec ces millions soi-disant cadeau? Par exemple? (Plus question de bocaux, certes, mais pas loin!?)

  34. Benjamin dit :

    titania, vous êtes le reflet d’une pensée archaïque et dénuée de tout bon sens économique.

    La preuve que les pauvres n’ont pas besoin d’argent, c’est qu’ils ne le gardent pas. Ils dépensent tout au fur et à mesure, et le plus souvent pour acheter des choses d’un commun… pffff!

  35. michèle dit :

    Ben voilà j’arrive après la bataille mais je m’en fous, je suis infidèle, hérétique et iconoclaste et j’aime bien Cow-boy et c’est réciproque (mais ne me faites plus jamais çà, je vous ai cru l’autre nuit et je bondissais l’épée au poing à votre secours 😉 )
    Bon un ‘ti point de vue : j’ai eu la chance d’avoir ma grand mère jusqu’à ses 105 ans. Elle a été employée toute sa vie au black. Plus les gens sont riches, plus ils paient au black. Elle a vécu les onze derniers mois de sa vie (heureuse et pauvre) dans une maison de retraite qui coûtait quatre fois le montant de sa retraite. Mon grand père son mari et mon père son fils lui ont permis de couler des jours heureux grâce à leurs économies et à leur prévoyance ( eh oui, l’écureuil, il accumule là les noisettes pour l’hiver !). Alors une retraite digne pour chacun, oui. Sans mais.
    Merci à Tellmewhy de votre argumentation et de votre courage seul contre tous. Mais que proposez-vous ?
    Il y a une analyse TERRIBLE de l’argent,de la Bourse et de la bourgeoisie intellectuelle de gauche dans le roman d’ Eric Reinhardt Cendrillon. Je suis prête à le prêter si vous ne voulez pas investir. 6OO pages. Je suis ressortie de là hébétée (c’est pour çà que j’ai été longtemps absente – même pas vrai…) et depuis je marche, de préférence sur des crêtes, et je regarde le monde.

  36. Cowboy dit :

    Michèle,
    Je suis troublé. Qu’est-ce que je vous ai fait l’autre nuit ? Serais-je somnambule ? 🙂

  37. « …je vous ai cru l’autre nuit et je bondissais l’épée au poing à votre secours « : Dites Michèle, qu’est-ce qu’il vous a fait croire Cowboy, l’autre nuit, pour que vous bondissiez l’épée au poing (!)? Allez, vous nous racontez ? Parce qu’avec les copines, là, on voudrait bien savoir!

  38. michèle dit :

    Ben l’autre nuit, il y a peu, je ne dormais pas j’ai lu Cow Boy et son truc sur les correcteurs du Monde qui lui interdisaient de blogguer et je l’ai cru. J’ai bondisabre au poiung et je m’apprêtais à une action héroïque pourfendant tout dragon à ma portée, quand mon élan s’est brisé sur l’annonce faite à Mimi : ben c’était une blague. Vous en faites pas comme çà. Vous m’avez secouée. Eh oui. Et réveiller, eh oui. Donc je suis vivante. Ben oui. Prête à repartir. Manque encore l’étincelle, mais bon, patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.
    Et je le redis mais c’est vrai : ne me faites plus jamais çà Cow-boy, vous m’avez fa

  39. michèle dit :

    vous m’avez fait peur j’ai cru qu’on était en dictature et j’étais prête à prendre le maquis. Mais euh, eh, oh, je n’ai plus l’âge. Calmez-vous. Mon coeur…fragile.
    Et puis et je finis, vous criez « au loup » et le jour où il sera là (chez moi, il y est déjà) ben on viendra plus vous sauver. Allez bon week-end…

  40. michèle dit :

    poing et réveillée…

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